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Bois du Kador en Morgat

Le bois du Kador surplombe le port de plaisance de Morgat.

Phare et ancienne batterie .

Une borne militaire de servitude en granit couchée marquant la servitude du terrain militaire d'antan.

Le bois du Kador d'aujourd'hui ne ressemble en rien à ce qu'il fut dans les siècles passés. Les terres de piètre qualité agricole étaient exclusivement des landes, quelques taillis en retrait et des garennes sans grand intérêt à n'en plus finir. Des preuves d'élevage et de présence humaine préhistorique semblent se trouver dans les vestiges des alignements de Ty ar C'huré. La présence romaine est quant à elle avérée au port de Morgat par des cuves de salaison (disparues) côté Sud du Loc'h. Ensuite les parcelles furent nécessairement réservées à la chasse pour la noblesse locale. Ces parcelles, à la suppression des privilèges de garenne, devinrent des propriétés privées attachées à des fermes après la Révolution de 1789. L'expansion des pins est tardive et est une introduction humaine par semis à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Des pins de rapport dans des terres incultivables. L'exploitation forestière ne fut jamais développée, les pins se multiplièrent librement jusqu'aux limites des pâtures qui « tombaient » sur les marges du village de pêcheurs.

La seule petite exception territoriale non privative était la présence de batteries de côte dès le 17ème siècle en différentes positions selon les stratégies de défense et l'évolution de l'artillerie. La milice se chargeait des veilles. Un gardien de batterie surveillait l'équipement de la place. Les grands chambardements technologiques du 19ème siècle obus torpille imposèrent aux commissions de défense des côtes, commissions mixtes d'officiers de l'artillerie, du génie et de la marine de développer une multitude de projets d'installations militaires sur le haut des falaises du bois. Le nombre de projets mena à autant de discussions interminables de la part des experts administratifs. Au final, on constata en haut lieu que la disposition d'artillerie mainte et mainte fois recomposée ne sut faire face à des tirs maritimes en enfilade de navires ennemis positionnés au large de la baie de Douarnenez. La loi du 27 mai 1889 déclassa de nombreuses batteries de côte jugées obsolètes. Les batteries du Kador faisaient partie de ce déclassement qui devaient les conduire vers une vente par adjudication en faveur du privé. En 1898, pendant que les commissions de côte échafaudaient une énième disposition, le directeur du Génie de Brest s'inquiétait de la flambée des prix des terrains. Si l'armée devait faire des acquisitions pour réinstaller ses nouvelles dispositions, il fallait faire vite.

En effet, à Morgat même, la spéculation immobilière, affolaient les investisseurs, sous l'influence de la famille Peugeot qui investissait hardiment dans l'espoir de transformer le port de pêche en station balnéaire à leurs bénéfices. Certains de ces investisseurs rêvaient d'un casino, les Peugeot étaient contre... Le casino ne se réalisa pas bien que des plans de Gaston Chabal existèrent...

Une batterie de côte de 4 canons de 95mm fut construite en 1893/1896 dans un contexte économique qui nuisait à la performance du site trop exposé aux obus explosifs ennemis.

L'armée se délesta alors de certaines terres périphériques au corps de garde type 1846 en 1899 mais parallèlement, acheta des petites surfaces payées au double à un propriétaire civil qui avait conscience de l'air du temps. Vendre une lande au prix d'une terre profonde, l'affaire ne passa pas inaperçue. Plusieurs familles bourgeoises étrangères à la presqu'île de Crozon, acquirent des parcelles militaires. Ce fut le cas de la famille de Margerie qui devint propriétaire du « champ de bataille  », surnom d'une parcelle arborée. Charles de Margerie brisa le bois, selon l'expression de l'époque, en y faisant une coupe rase, on parla d'embellissement du fait du rang social du « bûcheron ». Dans les années 1930 (avant 1934 date de la mort de l'acheteur), la parcelle fut revendue mais à charge de conserver le calvaire. Quant aux parcelles nouvellement militaires, elles devaient recevoir un poste d'observation, un projecteur...

La tendance de la défense côtière en 1904 fut officiellement constituée d'unités mobiles avec des canons qui ne l'étaient pas moins.

Juin/juillet 1909. Manœuvres de la marine pour attaquer Brest. Le poste de commandement des troupes de défense était à Camaret sous les ordres du vice-amiral Boué de Lapeyrère. Les troupes offensives étaient à bord de navires de guerre dont le Gambetta. Une attaque de contournement fut engagée à 5 heures du matin par des débarquements de troupe de St Hernot à Morgat. La batterie du Kador tomba. Le 19ème de ligne en l'anse de Dinan, dépêché en urgence par le préfet maritime, repoussa l'assaut. Le Gambetta fit ses tirs de protection de ses marins refoulés, les Morgatois regardèrent amusés les fumées et entendirent les détonations du bois du Kador...

Le bois du Kador resta partiellement militaire contre toute attente ceci d'autant qu'un projet de 1910 envisageait une batterie lourde de mortier de 270mm à la pointe du Menhir, en face. La batterie extérieure de Landaoudec devait de surcroît couvrir l'anse de Morgat. Projet abandonné en 1911 ainsi que la fonction de poste de surveillance de la zone du Kador.

L'armée autorisa la construction du phare du Kador (1914) à ses abords à la condition que cet « amer » put être détruit en cas de nécessité.

La première guerre mondiale mit un terme à toutes les évaluations incessantes. Les canons furent déplacés sur le front de l'Est et le bois du Kador se vit en état d'abandon, mais néanmoins, visité par les promeneurs chics venant des hôtels et des villas de villégiature. Les ombres y étaient bienfaisantes, les brunissements si vulgaires ne risquaient pas de matifier les blanches peaux citadines.

La construction de la batterie du Cap de la Chèvre dans les années 1930 enterra tout avenir militaire du Kador.

Les guides touristiques vantèrent la Pointe du Kador avec son sourcil broussailleux : le bois du Kador... dixit les publicités.

28 juin 1935, des escadres de la marine française, torpilleurs, contre-torpilleurs, cuirassés, sous-marins... furent au mouillage dans la Baie de Douarnenez. Les autorités maritimes, état-major de la marine, accompagnèrent la visite du ministre de la marine Mr François Piétri séjournant à l'hôtel de la Plage. Le public fort nombreux fut invité à se positionner dans le bois du Kador pour contempler toute la puissance militaire de leur marine indestructible. On devina, de loin, la sonnerie « aux champs » quand le ministre monta à bord du contre-torpilleur Gerfaut.

2 juillet 1935, ventes de trois terrains au Menez-Cador (Montagne de la Chaise) pour 4744m² au total. Mise à pris 25000Fr par Maître Jaouen à Brest. Motif liquidation judiciaire. Un terrain de 1033m² est vendu en Quenvel/Menez-Cador par licitation judiciaire. Même étude. Mise à prix 8000fr.

Le 5 et 6 août 1937, deux incendies successifs se produisirent au bois du Kador. Le lieutenant Mammani, ses pompiers et une moto pompe à quatre lances parvinrent, en deux fois, à circonscrire le sinistre proche du phare en la présence de la gendarmerie et de Mr Traonouez, premier adjoint au maire de Crozon. Une cigarette fut supposée être la cause du départ de feu qui s'étendit rapidement.

En 1938, le 20 mars, par une matinée de déambulation, deux jeunes touristes, mirent le feu par inadvertance, ayant fumé des cigarettes à l'insu de leurs parents, dans des fougères proche du « Trou du diable » (grotte marine dont le plafond est effondré). Les pompiers vite alertés par des témoins, purent circonscrire l'incendie grâce à une réserve à eau installée à l'été 1937 par la société Ménez-Kador. Un hectare et demi parti en fumée. Les deux incendiaires participèrent activement à l'extinction du feu.

Lors de la seconde guerre mondiale, les Allemands y installèrent une position de canon proche du phare. Le lieu des promenades fut interdit à nouveau.

En 1944, dans une grande précipitation, les autorités allemandes ordonnèrent que le bois fut rasé à environ 1,5m de hauteur pour en récupérer les grumes et les transformer en pieux anti-parachutage – asperges de Rommel – dans des terres agricoles du littoral. Le tronc subsistant devait servir d'obstacle anti-char. Les Morgatois réquisitionnés se précipitèrent à scier lentement ; certains soldats Allemands n'étaient pas dupes... Ils savaient que leur fin était proche. La tache ne fut jamais achevée.

Après guerre, l'évolution foudroyante de l'urbanisme encercla le pauvre bois redevenu lieu de marche et de prière lors de chemin de croix de pardon. Les fermes rustiques du Cap de la Chèvre étaient achetées par des touristes  ; les agriculteurs, étonnés d'être enrichis par des ventes étonnement fructueuses, se faisaient construire des maisons modernes avec du carrelage, des wc..., dans les anciens pâturages de Morgat jusqu'à ce que les prix atteignirent des sommets exclusivement accessibles à des familles fortunées qui élevèrent des villas directement dans les abords du bois. A une période plus récente, les maisons d'architectes se multiplièrent venant flirter avec les lisières.

L'armée se défit de sa position en 1965, ce qui permit à la municipalité de Crozon de prendre possession des terrains en 1968.

Le conservatoire du littoral est propriétaire du bois du Kador (en dehors des vestiges militaires), le reste est sous la gestion de la communauté de communes avec l'intervention de l'ONF (Office National des Forêts) pour l'entretien du massif de résineux qu'il faut contenir et agrémenter d'arbres feuillus d'essences variées. Les chevreuils et les écureuils attirent les regards des amoureux de la nature et les dernières venues, les chenilles processionnaires prennent leurs aises.

Le GR34 (Grande randonnée n°34) traverse le bois et le patrimoine militaire au-dessus des eaux vertes et bleues de la mer. Randonnée de Crozon-Morgat Cap de la Chèvre. L'incontournable étape de la visite de la presqu'île de Crozon. Le bois du Kador mérite une visite minutieuse pour son patrimoine militaire, naturel et l'apaisement qu'il procure. Les falaises sont perforées de grottes marines, visitables par excursion maritime à partir de Morgat. Un sill de microgranite est visible aussi.

Le bois du Kador porte le nom de la pointe du Kador, ou Gador, ou Cador = Chaise.

48° 13' 13.6" N
4° 29' 48.4" O

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