Armand Peugeot octroie à son gendre une parcelle de terrain dans le lotissement de sa compagnie immobilière. Charles Breitling fait appel à l'architecte Gaston Chabal très en vogue à Morgat et bénéficiant déjà de la réputation de son père, Abel Chabal, ayant construit la villa Bellevue du beau-père, pour fournir un plan d'une villa en 1928. La construction de la villa Ar Maner aux allures traditionnelles date de 1930.
Antoine Bott*, ancien cafetier de Brest, se reconvertit
en politique en tant que radical socialiste et fut conseiller régional,
conseiller municipal à Crozon mais ne parvint pas à être député et ceci
avant la première guerre mondiale. Il fut aussi secrétaire général des
Bleus de Bretagne. Cet homme engagé est l'instigateur de la construction
de l'abri du marin de Morgat en 1904 qui fut bombardé à la fin de la seconde
guerre mondiale.
L'association des Bleus de Bretagne se veut une représentation radicale,
anticléricale plus encline à intégrer en politique des hommes issus du
peuple qu'une élite bourgeoise. L'association défend l'école pour tous,
les élections proportionnelles. Créée à Paris en 1899, elle se développe
en certaines villes de Bretagne avant de disparaître après la première
guerre mondiale.
Les Crozonnais appréciait cet homme qui s'intéressait aux problèmes locaux
des plus démunis.
Cet élu local n'appartenait pas à la nouvelle aristocratie industrielle
qui rêvait de transformer Morgat en cité balnéaire luxueuse. Cependant,
il s'offrit des terrains jouxtant "le territoire" de la famille Peugeot
pour y construire une villa haute et de belle allure qui surplombe l'anse
de Morgat. Le chantier daterait de 1898. Le nom de la villa Ker Lisanton
est la contraction de Lise (son épouse) et d'Antoine. Monsieur Bott décrivait
sa villa comme une "petite maison d'été" qu'il occupa jusqu'à sa mort
en 1933. Une de ses filles adoptives de Paris en hérita.
Cette maison dispose d'un "chateau-d'eau" dans la "tour" qui colle la
façade arrière de la villa. Les toits récupéraient les eaux de pluie grâce
à des gouttières qui alimentaient un réservoir. Du haut de ce réservoir,
l'eau récoltée alimentait les robinets de la maison avec une pression
suffisante. L'eau courante n'existait pas alors.
*Propriétaire du Grand café de la Terrasse à Morlaix
et du café Brestois à Brest. Au delà d'une carrière politique en demi-teinte,
il fut officier de l'instruction publique, directeur de la « Bretagne
Nouvelle », vice président des « Bleus de Bretagne », président de la
délégation cantonale du canton de Crozon, membre du Conseil d'administration
de l'office des pupilles de la nation, président du conseil d'administration
de la Caisse locale du Crédit Agricole, président du Syndicat d'initiative
et du comité des régates de Morgat. Meurt à 76 ans à Paris en 1933. Est
inhumé à Morlaix.
Cet homme avait défrayé la chronique en voulant se présenter en politique
en ayant servi sous les drapeaux en Suisse en étant résidant français.
Il était issu d'une famille protestante suisse. Un retentissant procès
orchestré par un candidat adversaire, lui fut cependant favorable, le
tribunal jugeant l'attachement français de Mr Bott suffisant et réel.
Antoine Bott se présente donc à la députation en 1910 en tant que radical
socialiste. Le député maire de Châteaulin Halléguen d'une gauche plus
modérée est pourtant favori contre le journaliste maire de Locronan, le
conservateur Daniélou. Le premier tour positionne Daniélou en tête mais
en additionnant les voix d'Halléguen et de Bott, Théodore Halléguen est
vainqueur ! Bott se retire mollement et tardivement :"Je me désiste de
la lutte engageant mes électeurs à toujours voter pour le candidat qui
représente la république laïque."
La campagne fait rage. Charles Daniélou soudoie des loueurs de voiture
de proposer leurs services à Halléguen en presquîle pour empêcher le député
sortant de rejoindre les salles des réunions.
Tout se joue à Crozon, le fief de Bott. Des affiches douteuses sont collées.
Daniélou offre des tournées dans les troquets et reprend les critiques
de Bott à l'encontre d'Halléguen : mollesse, sans éloquence, sans programme...
Bott est discret dans son soutien au candidat de gauche. L'argent du conservateur
coule à flot.
Le report se passe mal en presqu'île. Certains électeurs de Bott votent
Daniélou et c'est ce dernier qui l'emporte le 10 mai 1910 et devient député
du Finistère. Une procédure d'annulation est enclenchée mais n'aboutit
à rien sous le prétexte que les actions de Daniélou étaient "liées aux
mœurs du moment". La tournure évoque l'état d'esprit de la 3ème République.
Charles Daniélou, anti-dreyfusard notoire, fut deux fois député et trois
fois ministre tout en changeant de bord politique en cours de route...
Théodore Halléguen, avoué à Châteaulin, ne se remit pas de la défaite
et ne fut donc qu'une seule fois député sans jamais avoir oeuvré à la
moindre proposition au parlement, sans jamais avoir pris la parole dans
l'hémicycle, ce qui mettait en rage Antoine Bott.
Antoine Bott ne connut aucun rebond dans sa carrière politique, certains
ne lui ont pas pardonné sa candidature à la députation.
A l'époque, Crozon n'avait aucune représentation politique établie, Antoine
Bott fulminait de ce désert idéologique. Aucun réseau local enraciné.
Une terre oubliée politiquement ce qui laissait un large champ aux électeurs
de voter selon leurs humeurs sans complexe !
La villa "le Cottage" est un plan de l´architecte Aimé Freyssinet (1881-1947) "promoteur du béton armé et de l'art nouveau", frère d'Eugène Freyssinet illustre concepteur du pont Albert Louppe, il fut aussi le premier architecte brestois diplômé d'Etat de Brest. Auparavant, l'expérience suffisait pour se déclarer architecte. La première mise en chantier de la villa date de 1910 mais le bâti fut repris et étendu juste avant la seconde guerre mondiale par du béton armé, ce qui était novateur à l'époque.
La villa Ker Maria est commandée par un conservateur
de bibliothèque Parisien Pierre Lavallée qui connaît Gaston Chabal et
invite ce dernier à dessiner les plans sous certaines recommandations
esthétiques. Le commanditaire attend une tonalité anglaise et bretonne,
la spécialité stylistique de Gaston Chabal. Un mélange aristocratique
et rustique qu'il faut concilier sans heurter. Deux tendances architecturales
qui plaisent à l'époque de la naissance de la cité balnéaire de Morgat.
Ce seront les architectes Abel Chabal (père) et Gaston Chabal (fils) qui
seront les architectes de ce grand projet réalisé en 1908. Gaston Chabal
est l'architecte Brestois, protestant à la mode. Il est l'auteur de la
plupart des villas morgatoises.
Gaston Chabal choisira pour part le mobilier "à l'anglaise" qui se transmettra
de propriétaires en propriétaires.
La façade ensoleillée, côté mer, donne toute l'ampleur à l'élévation.
Côté rue, à l'ombre, l'aspect est simplifié, presque austère sans pour
autant être négligé dans les détails, bien au contraire.
La villa existe toujours et se cache partiellement derrière de grands
pins. Une descente privée permet l'accès à la plage.
La villa est construire sur l'ancienne batterie côtière dite du Milieu
ou Ty Du.
La Villa Bellevue fut la propriété d'Armand Peugeot.
La famille Peugeot est alors manufacturière de petits objets domestiques
métalliques entre les baleines de corset, les ressorts, les pièces horlogères,
les moulins à café, les outils de jardinage, de bricolage...
Armand Peugeot est invité par l'investisseur négociant Charles Louis Richard
a créé une société immobilière à Morgat pour transformer le petit port
de pêche en cité balnéaire. Suite à deux visites enthousiastes, l'industriel
convainc sa famille d'investir. La société immobilière Richard et Compagnie
achète des centaines de parcelles à des prix défiant toute concurrence
puisque les propriétaires ruraux ignorent tout de la spéculation immobilière.
Pour le plaisir du bord de mer et asseoir le projet de station balnéaire,
Armand Peugeot se fait construire une villa en matériaux traditionnels
sur une parcelle de son lotissement. Selon les sources la date varie entre
1882 et 1884. La maison est confortable mais déplait à Mr Peugeot car
du rez-de-chaussée, il ne voit pas la mer, un comble puisque la mer est
à peine à 40 mètres. Il ordonne que la maison soit détruite et que la
prochaine villa soit reconstruite en même place mais surélevée. La démolition
est une occasion de revendre les pierres qui vont être réutilisées dans
la construction de la villa Bel-Air à proximité. Il confie le chantier
à Abel Chabal (père de Gaston Chabal) parce que celui-ci est protestant
- il est en effet le seul architecte protestant de Brest. Celui-ci exécute
les ordres avec soin sachant que des dizaines de villas sont prévues dans
le quartier dit Peugeot. La nouvelle version est plus en hauteur, fait
moins appel à la pierre traditionnelle et incorpore un nouveau matériau,
le béton, ceci en 1906.
Si les affaires industrielles passées à la fabrication de bicyclettes
puis d'automobiles sont prometteuses, l'investissement immobilier morgatois
vire tout doucement au flop financier et Armand Peugeot frôle la faillite
après l'élévation des hôtels. Si quelques villas sont bien construites,
les reventes de terrain sont poussives, tardent, ne se font pas aux prix
escomptés. La bourgeoisie renâcle, Morgat est loin de tout... La société
change de nom plusieurs fois au fil des changements de l'actionnariat.
Après la mort d'Armand Peugeot (1849-1915), le gendre Charles Breitling
(1881-1958 - époux de Madeleine Peugeot 1887-1952) gère au mieux la déconfiture
et devient propriétaire de la villa qu'il vend quatre plus tard à un ingénieur
parisien Philippe Kreiss (1887-1963). Ce dernier est tout simplement son
beau-frère, l'époux (1912) de Germaine Peugeot (1889-1977), fille d'Armand...
Le centralien avait été "invité" à prendre la direction d'une des usines
Peugeot pour éviter le morcellement de l'empire mais, cela ne se réalise
pas, il prend la succession de son père Adolphe Kreiss (1854-1931), directeur
général des Brasseries de la Meuse, autre empire industriel de Bar-le-Duc
mais aussi membre du conseil d'administration de la société Peugeot automobile...
La villa reste donc dans la famille... La villa existe toujours.
La Villa Ker ar Bruck est entièrement métallique,
constituée de plaques galvanisées.
Cette maison fut livrée démontée en provenance de Paris et serait une
récupération d'un théâtre provisoire. Les matériaux furent transportés
par train jusqu'à Brest, par bateau jusqu'au Fret et en charrette jusqu'au
terrain.
Le procédé de tôle emboutie aurait été imaginé par un ingénieur Belge,
Joseph Danly et breveté en 1887 en Belgique.
D'autres sources parlent d'une société américaine présente au pavillon
Chicago lors de l'Exposition Universelle de 1899 à Paris à proximité de
la Tour Eiffel. Une société qui aurait vendu des maisons en kit en Amérique
du Sud en jouant de la notoriété Eiffel acquise par la participation à
la fameuse exposition.
D'autres sources encore associent la société de l'ingénieur Belge qui
aurait vendu sous licence son brevet aux Américains.
L'originalité de la conception démontable aurait attiré le propriétaire
Maurice Desmaret qui a acheté une parcelle de terrain aux Peugeot voisins
et amis. La famille Desmaret restera propriétaire jusqu'en 1969 et aura
ajouté une véranda qui n'existait pas à l'origine.
L'acheminement des tôles embouties aurait été effectué par train jusqu'à
Brest puis par charrettes jusqu'à Morgat.
La maison privée actuelle est un monument historique depuis janvier 2004
car unique en son genre en France, les quelques autres exemplaires français
ayant été détruits.
La villa Ker Bili fut construite sur un terrain "Peugeot" vendu à un Notaire de Châteaulin, Maître Riou, époux de Mademoiselle Pelliet, fille du Maire de Crozon (1872-1882), lui-même notaire souvent au service des affaires immobilières de la famille Peugeot. La villa fut détruite par un bombardement américain lors de la seconde guerre mondiale et reconstruite en 1949 par une descendante de la famille Riou.
Le baron Joseph Salvain de Boissieu se fait construire
une villa à Morgat en 1931. Le baron est issu d'une famille anoblie en
1720 en Dauphiné. A l'époque, il vit au château de Tronjoly à Gourin en
Morbihan.
Cette villa à "l'ombre" du Grand Hôtel de la Mer est élevée pour "voir
la mer". Une villa "tardive" s'insère à la lisière du quartier
"Peugeot".
Suite à des changements proriétaires, le nom de la villa évolue de Boissieu
à Kerflahel, ce dernier fut valorisé par la famille Coutras...
La villa Corn ar Hoat date de 1926 d'après les plans
de Gaston Chabal. Mademoiselle Gabrielle Landormy avait expressement demandé
à l'architecte de la simplicité avant tout. A la fin des travaux, elle
remercia Chabal par lettre pour sa diligence, lettre conservée par l'architecte
avec attention. Sur le portillon sombre de l'entrée de la propriété, Corn
ar Hoat était peint en grand avec des lettres blanches, visibles de loin
!
Le Philosophe Alain, alors compagnon de Gabrielle, y séjourna fréquemment
avec délice selon lui, ceci avant leur première rupture de 1928. D'ailleurs
la villa est souvent appelée maison Alain et elle se situe rue Alain en
Morgat.
Gabrielle Landormy (1898-1969) nièce et fille adoptive de Paul Landormy,
ami d'Emile Auguste Chartier (1868-1951) – le philosophe Alain – rencontre
son futur mari en 1906 durant des vacances avec la famille Landormy à
Trébéron. En septembre 1928, Gabrielle conçoit une première rupture...
La relation amoureuse est tumultueuse. En 1929, elle part au Etat-Unis.
De 1929 à 1930, Alain écrit 70 poèmes à Gabrielle. Gabrielle fait un bref
séjour au Pouldu le 23 septembre 1939 alors qu'Alain souffre de rhumatismes
déformants qui immobilisent le philosophe dans un fauteuil roulant, puis
retourne aux Etats Unis. Elle revient en s'engageant dans l'armée du Maréchal
Juin lors de la campagne d'Italie (1944) en tant qu'infirmière et participe
à la libération de Paris. Le couple se reforme. Le mariage est prononcé
en décembre 1945.
La villa Pen ar Trez, en seconde bordée, est une réalisation de Gaston Chabal des années 1930 environ qui met en valeur le parti pris de l'architecte d'ajouter des éléments décoratifs "venus" d'Angleterre. La clientèle de Gaston Chabal raffolait de ses ajouts et était assurée d'avoir une touche unique à Morgat. Etre dans le vent, sans copier le voisinage telle était l'attente exhaussée.
La villa Ker Kreis fut une propriété Marcel Clément jusqu'à la revente.
La plupart des villas se situe dans le quartier de Kerigou.
Après plusieurs statuts depuis sa création en 1883, la
société immobilière (Richard) de Morgat devient anonyme en 1912. Cette
fois Armand Peugeot, le principal intéressé tient la société et exige
que les nouvelles constructions de la station balnéaire gagnent en cohérence
architecturale, à ce titre, il nomme Gaston Chabal qui a déjà œuvré dans
le quartier Peugeot, en tant qu'architecte coordinateur de la société
anonyme de la Plage. Ce dernier rédige un cahier des charges rigoureux
dont les articles d'interdiction sont nommés «Prohibition». Les quelques
architectes qui ont des projets de villa pour leurs clients ne doivent
pas s'éloigner de la vision Chabal qui de son côté poursuit les constructions
de ses propres plans.
1915, décès d'Armand Peugeot. 1918, Charles Brietling, gendre investisseur
dans la société immobilière, reprend les rênes et transforme le Morgat
bourgeois en salon mondain très hiérarchisé. A chaque niveau de fortune
correspond ses réceptions, ses fréquentations. Il y a les régates, les
concerts. De discrets visiteurs tels que la reine d'Italie, le roi d'Egypte
et une multitude d'affairistes aristocratiques Russes animent les soirées
internationales. Agitation estivale qui s'éteint à l'arrivée de l'automne.
Les pêcheurs de Morgat deviennent les gardiens des villas fermées pour
l'hiver (en été, ils sont cochers, marins des grottes ou de toutes les
corvées) et quant aux épouses, elles perdent leur travail temporaire de
cuisinière, femme de chambre, gouvernante pour les plus présentables jusqu'au
prochain été. Les Morgatoises les moins avenantes se contentent de faire
le ménage en hiver. Cet entre-soi convient aux propriétaires qui ne rêvent
pas davantage que d'un beau quartier chic qui leur soit dédié. La présence
d'hôtels n'a d'intérêt que pour les loueurs de villas.
Gaston
Chabal ne semble pas avoir perçu ce repliement souhaité, il propose
à la société qui l'emploie la construction d'un casino en 1923 d'après
un plan de 1920 conservé aux archives municipales de Brest. Un grand bâti
à 4 pans plongeants, très années folles, très Chabal aussi, une longue
terrasse surélevée au-dessus de la mer et un pavillon faisant salon «
flottant » sur l'eau de l'anse de Morgat. Le plan n'a pas dû beaucoup
servir, le refus des membres de la société et celui des propriétaires
indépendants est catégorique. Pas question non plus, de bains, de thermalisme
ou d'animations excessives, toutes ces caractéristiques à la mode dans
les stations balnéaires de l'époque ne sont pas envisagées de sorte que
le golf prévu ne verra jamais le jour. Dès lors, l'expression Morgat station
Balnéaire utilisée dans les publicités touristiques des années 30 est
quelque peu surfaite. La société immobilière a spéculé, rentabilisé ses
acquis par l'exploitation d'hôtels sans réelle intention de transformer
Morgat en une Deauville finistérienne.
Enseignant, conférencier en économie et en sociologie,
Max Lazard (1875-1953) fils de l'un des fondateurs de la banque Lazard,
lui même fondateur en 1910 de l'Association internationale pour la lutte
contre le chômage, se fait construire la villa Penn ar Bed en 1927 sur
30 hectares de terres boisées ou de landes qui d'après certaines sources
étaient au nom de la banque Lazard. Plutôt que de s'enfermer sur sa propriété,
ces terres sont libres de passage pour qui veut s'y promener. Cette attitude
contrevient à celle des propriétaires des villas « Peugeot » à l'Est de
Morgat qui tout au contraire construisent des murs et des clôtures autour
de leurs propriétés et n'aspirait à aucune ouverture envers la population
ou les touristes. La villa Lazard à l'Ouest, tout au bout de Morgat, devant
le môle, est accessible par un escalier, provenant des quais en contrebas,
qui possède une marche gravée « Penn ar Bed ». A l'époque de la construction,
les pêcheurs qui y séchaient leurs filets se virent déplacés sur ordre
de la direction des ponts et chaussées propriétaire de la bande de terrain
longeant l'arrière quai, ceci à l'instigation de l'ingénieur Mougenot
soutenu dans sa démarche par le maire de Crozon qui en référa au préfet
en 1926.
Première villa extérieure aux lotissements de la cité balnéaire, elle
est réalisée par des artisans locaux pour la plupart : Entreprise Offret
pour le gros œuvre, électricité Camerer, plomberie Fabien, peinture Mammani
. Certains noms ont encore une résonance locale. La maison construite
sur les terre dite du « champ de bataille » emploie un gardien du nom
de Jean Laouénan.
Lors de la seconde guerre mondiale, à sa toute fin, un bombardement américain
détruit les quais partiellement et l'hôtel de la Montagne en voisinage.
Les fils Simon et Didier Lazard se font construire respectivement les
villas Bruck Ar Lann et Gwell Kaer à la place de l'hôtel.
En 1998, la villa Lazard est en feu, les autorités locales viennent sur
place et le chef pompier déclare toute la difficulté de circonscrire le
sinistre. Le gardien avait réussi à mettre à la cave certains objets selon
la presse locale de l'époque. La villa Penn ar Bed est reconstruite et
fait partie désormais du patrimoine local, un peu à part, comme l'avait
souhaité son premier propriétaire.
MSL : Max Sophie (Ellissen) Lazard.
La Villa "La Roseraie" de 1907 élevée pour le Sieur Renaud ayant une extension en véranda de 1930, étant à l'ombre du château de Rulianec, a pour particularité de présenter des décorations en briques et carreaux en listel en céramique inattendus à Morgat.
La villa du soldat !
De nombreuses demeures chics, tout particulièrement
à Morgat, ont été réquisitionnées partiellement ou en intégralité par
l'armée allemande d'occupation entre 1940 et 1944. Une occupation partielle
consistait à loger un officier dans la plus belle chambre avec un accès
privilégié à toutes les commodités. Les propriétaires étaient invités
à se serrer dans les pièces secondaires, voire dans les combles. La réquisition
complète évinçait les occupants français qui devaient se reloger ailleurs
avec néanmoins un défraiement compensatoire versé dans les premiers temps
de la guerre avec une grande régularité puis de manière aléatoire ensuite.
Ainsi, un couple ayant une villa au cœur du quartier de villégiature de
Morgat, se vit notifier une réquisition totale de leur bien qui se trouve
face à l'anse. Passé, le choc du désagrément de l'éviction manu-militari,
les propriétaires s'interrogèrent sur la destinée de leur maison.
Après la libération du 19 septembre 1944, le couple revint dans ses murs
méconnaissables. Tout était sali, détruit, dans un désordre inextricable
avec des bouteilles d'alcool vidées dans tous les coins. Odeurs de sueur,
de crasse, de tabac... Plus étonnant encore, des écussons, des décorations,
des grades, quelques uniformes dépareillés, des casques, mais que s'était-il
donc passé ?
Comme dans tous les lieux de guerre fixe, une maison du soldat fait partie
de l'équipement de combat de base. Les filles de Brest arrivaient par
vedettes allemandes et les militaires germaniques se défoulaient sur les
recrues féminines contre la piécette. Un lieu de débauche qui n'était
pas le seul de la presqu'île, chaque commune avait le sien.
L'abandon des insignes s'expliquait par la peur de l'armée allemande d'être
exécutée par la troupe américaine libératrice et vengeresse selon la rumeur.
Les fiers Allemands perdirent de leur superbe après le débarquement en
Normandie, après la capitulation de la forteresse de Brest. Il n'était
plus question d'être un gradé décoré et encore moins un gradé nazi.
Bien des Allemands tyranniques de l'occupation se sont fait passés pour
des pères de famille enrôlés dans une guerre qui les écœurait soit-disant.
Une fois faits prisonniers, ils furent emmenés dans des camps de Brest
afin que les autorités américaines puissent faire le tri entre le brave
soldat et le tortionnaire. La tâche fut partiellement menée malheureusement,
seuls les officiers supérieurs furent internés aux Etats-Unis durant quelques
années.
Quoiqu'il en soit, la famille reçut un dédommagement tardif de l'administration
française au titre des dégâts de l'occupation. La maison refaite, redevenue
pimpante retrouva sa joie de vivre dans la quiétude feutrée d'une station
balnéaire apaisée. Aujourd'hui, seuls les murs peuvent témoigner du tapage
de la luxure ! Tout de même, quelle réquisition ! Officiellement dans
les textes légaux de l'armistice conclut entre les autorités allemandes
et le gouvernement de Vichy, une réquisition devait avoir une utilité
de guerre...
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