Depuis le 19 juin arrivée des Allemands à Camaret sur Mer,
le champagne et les alcools fins coulent à flot à l'hôtel
des Pois principal cantonnement de l'armée d'occupation. Les débits
de boissons du port voient leurs caves vidées, les factures sont immédiatement
honorées, les livraisons se font aussi par caisses entières par camion.
Sur le chemin de leur envahissement, les soldats Allemands récupèrent
les produits alimentaires de qualité et les boissons alcoolisées dans
les épiceries des villages conquis. Le soir, au delà du couvre feu, la
fête commence.
Le 22 juin au soir, un soldat Allemand ivre s'introduit dans le manoir
de Coecilian du poète Saint Pol Roux sur les hauteurs de Camaret dans
le quartier des "artistes" proche de la batterie
de Kerbonn et de l'hôtel des Pois. L'homme de 79 ans y vit avec sa
fille Divine de 42 ans et la servante Rose Bruteller, 41 ans. Rose Brutteler
est à l'entrée en se demandant bien qui pouvait venir à cette heure tardive
(22h30). Le soldat prend le prétexte d'une visite de contrôle de la maison,
selon le témoignage écrit de Divine Saint Pol Roux du 22 juin 1940. La
visite houleuse s'envenime et tarde au delà de minuit. Le poète tente
de refouler l'intrus qui le prend mal. Il sort son arme, Divine s'interpose
et reçoit une balle dans le tibia. La confrontation se passe dans la cave,
le poète entre en lutte mais est rejeté, une balle lui passe à côté du
visage, il s'évanouit. Rose agrippe le bras de l'agresseur et reçoit trois
balles dans la bouche. L'Allemand remonte de force Divine dans le salon
après lui avoir donné un coup de pied dans la jambe blessée. Elle y est
violée à demi consciente. Le chien de la famille attaque et permet la
fuite de l'assaillant qui interrompt l'exécution de la fille du poète.
Cette dernière passera d'hôpital en hôpital durant plusieurs mois pour
éviter l'amputation, elle fit aussi un séjour chez les parents de Rose.
Le manoir est pillé puis réquisitionné pour devenir provisoirement le
poste de commandement de la base de Lanvéoc avec deux canons français
à l'entrée Est.
Ce n'est que le lendemain matin que les villageois se rendent compte des
faits. On retrouve Divine hébétée, ensanglantée, elle parviendra à dire
que son agresseur avait deux dents en or.
Le commandant de Camaret, l'oberleutnant Wichmann vient brièvement en
voiture sur les lieux du crime le jour même et assure que justice sera
faite devant les témoins qui ne s'attendaient pas à une telle barbarie
de la part de soldats à l'allure aussi impressionnante qu'impeccable.
L'affaire embarrasse grandement les autorités allemandes qui voulaient
inspirer confiance à la population occupée. Un ordre nouveau, loin de
toutes dérives devait conduire la France par l'entremise du 3ème Reich
allemand vers une société meilleure.
L'officier revint immédiatement à l'hôtel des Pois - kommandantur durant
quelques jours avant d'être installée dans Camaret même - qu'il occupe
avec ses 200 hommes pour y rédiger un avis à la population qui sera placardé
dans la journée sur le mur de la mairie indiquant que le coupable avait
été identifié et qu'il serait puni pareillement à son crime. Effectivement,
le soldat fut jugé, condamné à mort et fusillé dans les semaines qui suivirent.
Le 27 juin un peloton de soldats Allemands commandé par un officier dépose
une couronne de fleurs distinguées par une croix gammée sur la tombe de
Rose Bruteller. L'officier y prononce une allocution puis le cortège s'en
retourne. Des veuves Camarétoises assistent à la cérémonie médusées. Au
départ des indésirables, l'une d'entre-elle se saisit de la couronne et
la jette par dessus le mur du cimetière.
La compagnie d'infanterie motorisée Wichmann quitte Camaret le 28 juin
et est remplacée. Il ne s'agissait que d'une unité d'avant-garde qui a
poursuivi l'envahissement de la France par le sud de la Bretagne.
Rose Bruteller (13 septembre 1899 - 23 juin 1940) habitait au bord des
alignements
de Lagatjar, sa sépulture est au cimetière de Camaret-sur-Mer, elle
est peut-être la première victime civile locale innocente d'une guerre
qui va durer 4 ans. Nombreuses seront les orgies germaniques. Beuveries
des glorieux vainqueurs dans un premier temps, puis fêtes sinistres pour
conjurer la peur grandissante ensuite. Toutes les affaires de mœurs ne
se surent pas, certaines étaient consenties, d'autres pas, dans tous les
cas, les femmes choisissaient de se taire pour éviter la colère publique.
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19 juin 1940 premier jour d'occupation allemande
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