Cérémonie du centenaire en 2018.
Aux glorieux enfants de Crozon
Morts pour la patrie
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Ô vous qui passez
ne nous oubliez jamais.
Un monument aux morts dédiés aux 365 Crozonnais fantassins et marins décédés lors de la première guerre mondiale est envisagé au conseil municipal de la commune de Crozon le 8 février 1920. Le projet initial est un bloc de pierre taillé ayant une forme pyramidale d'une valeur de 1000 Fr. Ce budget est réactualisé au conseil municipal du 19 mars 1922 à hauteur de 6000 Fr. Le sculpteur de Saint-Pierre-Quilbignon, Michel Kernévan, est sélectionné au dépend de René Quillivic préalablement contacté. Cependant le marché signé le 22 mai 1923 est désormais à hauteur de 18400 Fr. Il y a urgence à trouver des subventions avant la livraison. La mairie se tourne vers la préfecture qui s'engage à verser 2400 Fr mais dans un délai "administratif" inconnu, soit nécessairement tardif. Le monument est inauguré au pied de l'église St Pierre de Crozon, Place de la Paix (Charles de Gaulle actuellement) le 9 septembre 1923. Le préfet s'étrangle quand il apprend que le monument comporte une croix chrétienne illégale sur un monument républicain selon l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l'église et de l’Etat. En Finistère, il y aurait eu quelques dérapages cléricaux, il cède et signe la subvention le 22 octobre 1923. Le monument en kersanton porte la Croix de Guerre et un appel au souvenir.
L'inauguration du 9 septembre 1923 du monument aux
Morts de Crozon
Présence des officiels : Mr Cariou. maire de Crozon ; Mr Gauthier, sous-préfet
de Châteaulin (mutilé au Chemin des Dames) ; vice-amiral Grout, préfet
maritime ; Mr Lancien, sénateur ; Mr Bouilloux-Lafont, rapporteur à la
Chambre du budget de la guerre ; Mr Daniélou, député ; Mr Simon, député
; général Hunter, de l'armée britannique ; Mr Le Louédec, conseiller général
; Mr Février, conseiller général ; lieutenant-colonel du 2° colonial Le
Moigne ; Mr Aury. maire de Landévennec ; Mr Poupat, maire de Camaret ;
Mr Bourvon, maire d'Argol ; Mr Boussard, maire de Telgruc ; Mr Carn. maire
de Lanvéoc ; Mr Goalès, conseiller d'arrondissement ; lieutenant de vaisseau
Lahalle, aide de camp du préfet maritime ; Mr Heck, administrateur de
la marine à Camaret ; Mr Kerinec, adjoint au maire de Crozon. ; Mr Nicolas,
adjoint au maire de Crozon ; Mr Daniel, ancien directeur de l'école d'industrie
de Brest ; Mr David, pharmacien ; Mr Rousseau, négociant; docteur de l'infanterie
coloniale Kerrest ; docteur Keranguyader ; docteur Firmin ; Mr Mignot,
chef de section des chemins de fer ; Mr Le Lann, agent voyer ; Mr Serazin,
agent voyer ; Mr Kervern, notaire ; Mr Bott, notable à Morgat écrivit
pour l'occasion le poème « Aux enfants de Crozon morts pour la France.
» ; lieutenant des douanes Compas ; commandant du fort de Crozon, Farnery
; conseillers municipaux ; délégations des mutilés et des veuves de guerre
sous la musique du groupe local l'Espérance.
La statue voilée est découverte après un office religieux puis s'ensuit
la lecture de la liste des enfants de Crozon morts pour la France.
Les discours des personnalités amènent réflexions et détails sur la mentalité
de l'après-guerre qui devait être la der !
Discours du Maire : Amiral, Messieurs les parlementaires et conseillers
généraux, Monsieur le sous-préfet, Messieurs les maires du canton, Mesdames,
Messieurs. Mon émotion est grande en ce jour, où Crozon inaugure le monument
aux morts de la grande guerre. Le temps est éloigné où la plus horrible
des guerres, faite par le plus cruel des peuples, fit tant de douloureuses
victimes ; mais notre cœur de Français, notre cœur de Breton, s'en est
souvenu, et cette époque de souffrance nous semble très proche. Combien
de fois n'avons-nous pas refait, par la pensée, de pieux pèlerinages vers
ces tristes événements passés, ne voulant pas oublier les héroïques martyrs
qui surent faire si noblement le sacrifice de leur vie pour sauver la
France ! Vous avez répondu avec une piété respectueuse, aussi avec patriotisme
à l'appel des noms glorieux des victimes du devoir, sachant au prix de
quels sacrifices ils achetèrent la victoire décisive. Si la France continue
à se maintenir au premier rang des nations civilisées, elle le doit à
ses héroïques combattants, à ses dignes poilus, aux braves marins qui,
sur terre et sur mer, ont fait l'admiration du monde entier. L'attitude
de nos soldats fut admirable sur les champs de bataille de la Marne, dans
la Somme, en Artois, à Verdun, en Champagne. L’œuvre de nos marins n'a
pas été moins belle. L'amiral Lacane disait, dans une de ses proclamations
: « Bien peu soupçonnent ce que l’œuvre des marins représentait de courage,
d'abnégation, de dévouement de tous les instants. Sur les bâtiments de
guerre et sur les navires marchands, c'étaient ces mêmes hommes qui avaient
fait l'admiration du monde à Dixmude, sur l'Yser, aux Dardanelles. Chaque
jour ajoutait au Livre d'or une page nouvelle. Les atrocités les plus
cruelles n'eurent pas raison de leur volonté et, quelles que fussent les
épreuves, quelles que fussent leurs souffrances, le lendemain les trouvait,
comme la veille, aussi résolus que leurs frères d'armes qui luttaient
sur le front. Aussi confondons-nous dans notre admiration les marins et
les soldats de la grande guerre, qui, au prix des plus dures souffrances,
réussirent enfin à planter sur notre territoire, le drapeau français.
Il flotte maintenant, en notre patrie et à l'étranger, poursuivant sa
haute et belle mission de lumière, de justice, de libération et de paix.
Le monument élevé à la mémoire de nos héros glorieux n'est qu'un symbole
de notre reconnaissance à leur égard : il est le travail de M.M. Kernévan
père et fils, consciencieux statuaires qui ont su mettre une pensée noble
et pratique dans leur œuvre, réalisant en même temps le désir de la population
crozonnaise. L'inscription gravée sur la pierre invite le passant oublieux
à se souvenir. Elle invite les bons Français à se montrer dignes de ceux
qui ont fait si courageusement leur devoir. Mères, qui pleurez toujours
vos enfants ; femmes, qui êtes demeurées fidèles au souvenir d'un époux,
et vous, petits orphelins, privés trop tôt de l'affection de vos pères,
votre épreuve aussi a été grande, et vos peines profondes. Morts glorieux,
votre sacrifice sera durable et fécond ; les générations à venir puiseront
dans votre exemple une leçon d'énergie, de vaillance, d'oubli de soi,
et nous, nous ne vous oublierons jamais. Au nom du conseil municipal et
de la population entière, je dépose au pied du monument cette palme, symbole
de notre reconnaissance. J'exprime le vœu que les familles viennent souvent
y déposer des fleurs et pieusement s'incliner. Aux 294 enfants de Crozon
morts pour la France, nos hommages éternels !
Discours du préfet maritime : C'est avec une grave émotion que je me trouve parmi vous dans votre belle presqu'île, et que je salue les pères, les mères, les veuves, les orphelins de ceux qui sont morts pour la France. Vous les avez un jour embrassés à leur départ... et ils ne sont pas revenus. En grand nombre. Ils sont tombés sur les champs de bataille ; en plus grand nombre encore, ils ont disparu dans les mystérieuses profondeurs de la mer. Mais ils vivent dans nos cœurs. Ils vivent dans notre mémoire. Ils vivent dans la reconnaissance de tout un peuple. Fidèles à leur glorieux souvenir, vous avez voulu m'associer à votre deuil et à ce solennel hommage. Je vous en remercie. Ce m'est une joie austère de vous apporter, en ce jour, le salut du deuxième arrondissement maritime et l'hommage de la marine française. Soldats ou marins, c'est par milliers que la guerre a fauché les Bretons. La longue et cruelle liste de vos morts atteste éloquemment quelle a été votre part dans l'effort, et le sacrifice. Près de 300 des Vôtres, vos fils, vos maris, vos pères, ont donné leur vie pour que la France vive. Ces morts, toujours vivants dans notre souvenir, écoutons pieusement leur voix, en ces jours de septembre, anniversaires de la victoire de la Marne. Vous l'entendez. Elle nous dit de continuer et d'achever leur tâche, unis comme ils l'étaient au front. Vous savez comment la mauvaise foi de l'Allemagne tente d'échapper aux obligations d'un traité juste. Vous savez quelles mesures de contrainte vont bientôt la forcer à s'exécuter. En prolongeant sa résistance, elle court à sa ruine. Ce n'est déjà plus qu'un lourd vaisseau à la dérive, dont les membrures craquent, dont les parois se disjoignent. Considérez au contraire la fermeté avec laquelle notre pilote tient la barre, et comme, à travers les écueils, il a su mener le navire. Bientôt, nous toucherons au port. Dans une Europe bouleversée, la France reste calme, sûre d'elle-même et de son avenir. C'est l’œuvre de vos morts ! Votre deuil est aussi une fierté,
Extrait du discours du député Lancien : ... La vieille race bretonne, nourrie de ce sol qui produit le chêne et recèle le granit sut, en cette effroyable mêlée, mettre en valeur ses admirables qualités de fermeté et d'endurance. A l'appel de la France, tous les Bretons se levèrent pour courir à la frontière outrageusement violée; tous rivalisèrent de courage et d'abnégation et verseront leur sang pour la plus noble des causes : l'avenir de la Patrie et le salut de l'Humanité. Il ne faut pas oublier que, si nous avons échappé aux horreurs de l'asservissement longuement préparé par l'Allemagne, c'est, à eux que nous le devons. En tenant jusqu'à leur dernier souffle, ils ont permis à la France, qui avait connu une si douloureuse défaite, de connaître une glorieuse victoire. Et c'est grâce a leur entier dévouement que l'heure de la justice imminente a pu sonner à la cathédrale de Strasbourg...
Extrait du discours du député, rapporteur du budget de la Guerre : ... Est-ce que les réparations que nous demandons ne répondent pas à une idée de justice ? Est-ce que ce ne serait pas un désastre pour la civilisation et la morale humaine si la mauvaise, volonté de l'Allemagne à relever les ruines dont elle est responsable, et à exécuter le traité qu'elle a signé, ne pouvait être brisée, aussi, la cause nationale française, même contre nos anciens amis, plus préoccupés d'intérêts mercantiles que de justice, exige-t-elle que tout l'effort soit fait pour imposer aux récalcitrants la soumission à la justice et l'exécution des traités. C'est pour cela que nous sommes dans la Ruhr et que nous y resterons jusqu'à ce que l'Allemagne soit venue à résipiscence. La France n'entend brimer, ni supprimer personne; elle prétend seulement que les dévastateurs contribuent à effacer les dévastations. Rien de plus, rien de moins. Ce que, sous leur menace, il y a 53 ans. nous avons fait, qu'à cette heure ils le fassent. Comme eux alors, nous leur disons aujourd'hui : " Payez ou nous restons !". Car, messieurs, tant que l'attentat dont la France et dont l'univers entier restent encore ébranlés demeurera impuni, il n'y aura de paix ni pour les vivants, condamnés à en craindre le retour, ni pour les morts, qui se sont offerts en holocauste afin de le rendre désormais impossible. Gardons, au plus profond de nous-mêmes le vœu sacré de nos grands morts, avec l'indomptable volonté de l'exaucer entièrement. Rappelons-nous sans cesse que ce sont eux, dont le sang inscrivit tant d'immortalité dans la boue glorieuse des tranchées, qui ont sauvé la Patrie et. redressé la fierté de notre Histoire nationale. Reprenons, de nos mains pieuses, à leurs mains trop tôt glacées, le flambeau sacré qu'ils nous tendent encore et que la Patrie a béni. Veillons jalousement sur lui. ne le laissons jamais éteindre au souffle des tempêtes : c'est le flambeau des destins immortels de la France ! ...
Extrait du discours du député Daniélou : ...les angoisses des derniers jours de juillet 1914, la stupeur provoquée par le tocsin de la mobilisation : l'émotion du départ, la fièvre du premier contact avec l'ennemi, le désespoir de la retraite, la joie de la première Marne, puis, pendant quatre ans, toutes les souffrances, toutes les agonies des tranchées éclairées seulement par des mots signifiant résistance victorieuse. Enfin, c'était la marche en avant, la victoire, la justice. Il y en eut jadis des guerres, mais elles ne déterminèrent jamais tant d'érections de monuments. Celle-ci n'eut jamais sa pareille, même au temps des invasions barbares avec Attila. Pendant 40 ans, l'Allemagne, Puissance de proie, prépara et organisa avec une barbarie scientifique l'asservissement du monde, n'ayant en face d'elle qu'une pauvre petite Belgique neutre et une France joyeuse, laborieuse, pacifique. On vit alors courir au-devant de cette chose monstrueuse le petit soldat de France, résolu d'empêcher de passer l'envahisseur. Il y parvint. Tous ceux qui, dans le monde, avaient le respect de la justice et le culte de la liberté applaudirent, puis vinrent prendre place sur nos champs de bataille près du petit soldat de France pour participer à sa gloire et achever sa victoire...
Le général britannique célébra «l'Entente cordiale» après des siècles de frictions et de tentatives de débarquements en presqu'île de Crozon, le retournement géopolitique semblait irréel.
Après la fin des discours en place, un banquet fut servi à l'hôtel Moderne du propriétaire Gaonach. Des toasts furent déclamés. Puis un discours au delà du dessert fut servi par le sous-préfet ancien combattant lui-même : ...Messieurs, Puisque de ma présence à cette table découle pour moi l'obligation, et l'honneur de prendre la parole, ce sera pour vous dire que ce n'est pas une impression de tristesse, moins encore d'abattement qui doit se dégager de cette cérémonie que nous avons célébrée ce matin à la gloire de nos anciens camarades, mais plutôt un sentiment de réconfort, d'admiration pour notre pays. Il n'y a pas actuellement de pays qui soit plus admiré et plus aimé par toutes les nations que la France. En face de beaucoup d'autres en Europe, qui sont en train de chercher leur voie, d'hésiter sous la direction de gouvernements faibles, on constate chez nous une décision invincible, on remarque, au milieu du chaos mondial, notre allure calme et crâne qui va nous conduire à la première place parmi les nations de l'Europe, à la première place dans la paix et la concorde. Nous pouvons, messieurs, nous devons même en être fiers, car notre pays, au moment où d'autres nations s'écroulent dans des catastrophes financières, comme l'Allemagne, ou bien dans le cataclysme épouvantable qui vient de s'abattre sur notre ancienne et loyale alliée, le Japon, ou bien encore, ce qui est le plus grave, dans le ridicule, comme le pays des soviets, notre pays, dis-je, vient d'accomplir une œuvre gigantesque ; il y a 10 ans, au lendemain de 70, la France était mutilée, affaiblie: l'Allemagne voulait la faire marcher à rebours et galvaniser, dans les provinces qu'elle nous arrachait, un passé à jamais défunt. en empêchant à tout prix la résurrection des idées libérales. Elle montait la garde autour d'un cercueil qu'elle croyait scellé à tout jamais, mais la France qui doit veiller aujourd'hui autour d'un berceau, celui des idées nouvelles qui ont surgi de la grande crise, que nous venons de traverser, a demandé à son génie le droit de vivre encore, comme l'aigle blessé demande au soleil le droit de planer encore. Elle a du, pour la défense de sa liberté, de nouveau brusquement, tragiquement compromise, reprendre les armes: elle est sortie victorienne de la lutte, et aujourd'hui, le monde entier admire une France nouvelle, laborieuse, pacifique, qui a repris le rang qu'elle était digne par son passé d'occuper, et qui s'est remise à l’œuvre vaillamment, en n'aspirant plus qu'à la paix, la vraie paix, la paix définitive à laquelle lui donnent droit ses ruines, ses deuils, ses innombrables sacrifices et sa victoire Pacifique sous des armes qu'elle ne laissera pas rouiller, ayant horreur des horreurs qu'elle a du subir et qu'elle a encore sous les yeux, la France n'est pas une provocation, elle est une défense, et cette défense ne pourrait être confondue sans un parti-pris évident ou sans une injustice flagrante avec les menaces d'un impérialisme agressif ou avec les desseins d'un égoïsme chauvin. Non. notre pays, meurtri par la guerre, épuisé malgré : la victoire, est malgré tout à la veille d'un splendide réveil et veut rester simplement la grande nation qui est l'honneur de l'humanité...
Destins de guerre
19 juin 1940 premier jour d'occupation allemande
Qui a construit le Mur de l'Atlantique de la presqu'île de Crozon ?
Sous marins Naïade Q015 et Q124
Monument aux morts de Landévennec
3 frères morts pendant la grande guerre
L'arraisonnement du Nieuw Amsterdam
Croiseur cuirassé Kléber et sous-marin allemand UC-61
Déporté politique et déporté résistant
25/26 août 1944 bombardement de Roscanvel
3 septembre 1944 bombardement de Telgruc
Le 248 RI 208ème compagnie et 5ème Bataillon en 1940
La bataille de l'Ailette le 5 et 6 juin 1940
Bataillon de FTP - Franc-tireur-partisan
La bataille navale de Casablanca
L'Emigrant sous protection allemande
Départ des marins pêcheurs résistants vers l'Angleterre
Georges Robin de l'I A de Camaret
Bateaux de Camaret arraisonnés ou mitraillés par la Royal Navy et la RAF
La Suzanne-Renée - Réseaux d'évasions des pilotes Américains et Anglais de la WW2
Les tombes du Commonwealth de : Camaret - Crozon - Lanvéoc - Roscanvel
Poste avancé Toul ar Stang : Russes blancs
Les forces américaines de la libération de Brest et Crozon
Les forces allemandes lors de la libération de Brest et Crozon
Les légions étrangères allemandes présentes en Crozon
Officier mécanicien Capitaine Jean Tassa
Camp de prisonniers de Rostellec
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