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La presqu'île de Crozon est un ancien territoire bretonnant sans aucune trace écrite de son passé et dont les principales sources initiales d'enseignement furent rédigées par des ecclésiastiques qui avaient pour projet non pas la vérité des faits mais la vérité de l'église dans la gestion économique, politique et spirituelle d'un territoire dont elle tirait ses moyens de subsistances. Jusqu'au 17 ou 18ème siècle, l'église dicte le savoir.

Après l'affaiblissement du rayonnement religieux, apparut celui de la noblesse qui pratiquait le mensonge éhonté pour obtenir les privilèges auxquelles elle prétendait avoir droit. Jusqu'à la révolution française, la noblesse biaisait allègrement les vérités historiques.

Ensuite vint le temps de l'administration française post révolutionnaire qui appliqua des pratiques nationales sur des terres aux façons et appréciations bretonnes ce qui engendra des confrontations aussi épiques que kafkaïennes sans pour autant que la réalité en fut éclairée.

Puis vint le temps des voyageurs intellectuels du 19ème siècle issus d'une bourgeoisie satisfaite d'elle-même qui basait la vulgarisation des observations sur l'observation visuelle. Après avoir observé le presqu'îlien dans son champ dans le sillon de sa misère, on éditait à Paris des affirmations citadines qui aujourd'hui ont l'épaisseur d'une farce.

En ce qui concerne les affaires militaires des 17, 18 et 19ème siècles qui devraient être l'exemplarité dans le relevé des données, les commissions d'armement de ces époques, dépendantes de leurs ministères de tutelle, avaient publiés des rapports ajustés à ce qui était politiquement lisible. Dans un épais brouillard de directives projetées, jamais appliquées ou « adaptées » aux circonstances géopolitiques changeantes, la vérité des lieux considérés manque d'évidence d'autant que les rivalités entre la marine et l'infanterie dans les salons des états-majors ressemblaient à des guerres de tranchées.

Les informations diffusées dans la presse quotidienne au 19 et 20ème siècle n'étaient pas fiables souvent pour des raisons de désinvolture de la part des rédacteurs ou sinon, surtout en période de guerre, pour des raisons soit de parti-pris, soit d'alignement forcé.

Dans toutes les périodes, les auteurs qui se sont approchés de la vérité historique ont dénaturé leurs éditions en transformant des suppositions en affirmations avec parfois des intentions sous-jacentes. Les auteurs se reprenant de génération en génération, en citant vaillamment leurs sources, ont scellé l'histoire dans une interprétation souvent plausible mais en rien absolument certifiée. Il suffit qu'il se glisse une mauvaise lecture d'une connaissance pour que cette connaissance soit altérée durablement.

Aujourd'hui, des éditeurs de contenus numériques reprennent ces interprétations et s'en arrogent une sorte de paternité claironnante de ce qui n'est autre qu'un recopiage de sources dont l'intégrité peut être éventuellement contestable. Rééditer une connaissance n'est pas une propriété intellectuelle en soi, seule la rédaction de celle-ci en est une.

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