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Transit sédimentaire

La rade de Brest propose 41 cordons littoraux sous des formes distinctes mais dont le principe de fabrication est entièrement naturel et basé sur le déplacement de graviers d'une granulométrie très variées. La rade de Brest est une ancienne vallée qui recueillait plusieurs estuaires de rivières et qui par l'élévation du niveau de la mer constant, il y a 8000 ans, s'est retrouvée en situation de domaine maritime permanent.

Les falaises qui bordent la rade s'érodent et libèrent des blocs de roche qui se concassent par les entrechocs des marées ininterrompues. Les granulats ayant atteint le volume des « pommes de terres », les courants marins les déplacent dans une dérive majoritairement d'Ouest en Est dans la plupart des cas des rivages de la presqu'île de Crozon. Ce lent et grand déplacement de matériaux se nomme le transit sédimentaire qui ne cessera qu'à l'épuisement de la force des courants marins contrariés par les courants fluviaux, en l’occurrence ici, la rivière Aulne.

Cette circulation patiente recouvre les grèves originelles d'une épaisse couche de bris de pierres avec des coquilles d'huîtres sauvages puisque l'endroit est une huîtrière. L'allure n'est point vive. « On travaille » au centimètre. Les galets des photographies ci-dessus se situent entre le sillon des Anglais et le sillon du Pâl de Landévennec. Arrivée au Pâl prévue dans un nombre incalculable de décennies, usés, amoindris de toutes parts mais destinés à solidifier le cordon littoral en cours d'accumulation.

Pour comprendre l'importance des déplacements des minéraux, ceux-ci se chiffrent en milliers de tonnes dans une mobilité discrète mais indiscutable. Certains cordons souffrent de la montée du niveau de la mer, d'autres au contraire en bénéficient, mais quoiqu'il advienne, les transits sédimentaires se poursuivront et créeront de nouveaux particularismes géologiques avec ces marées gravillonneuses aux apparences tranquilles.

Il fut un temps où ces matériaux étaient providentiels pour empierrer les chemins boueux que les paysans redoutaient, ce fut la seule altération de ces accumulations inexorables. Si les hommes redeviennent poussières, les graviers du littoral redeviennent sable avant de recommencer un cycle sédimentaire...

La liste des cordons littoraux de la presqu'île de Crozon côté rade de Brest :
Cordon de l'île du Renard : double tombolo de 12500 m3 et 7000 m3 sur 400 m au total
Cordon du Loc'h : poulier en flèche et double vis-à-vis avec chicane de 22000 m3 sur 250 m
Cordon du sillon des Anglais en flèche sub-parallèle à la côte de 74200 m3 sur 500 m
Cordon du sillon du Pâl en flèche barrante sur 300 m
Cordon de Quélern : disparu pour cause d'urbanisation routière
Cordon de Kerellot Tremet : disparu pour cause d'urbanisation routière
Cordon de l'île Longue : disparu pour cause d'urbanisation routière
Cordon du Fret : disparu pour cause d'urbanisation routière
Cordon du Poulmic : disparu pour cause d'urbanisation
Cordons des île aux Morts, île Trébéron, île Perdue, en queues de comète immergées

Certains cordons ferment et protègent des marais maritimes qui sont des biotopes exceptionnels ; ainsi, ce phénomène de transit sédimentaire n'a rien d'anodin pour l'environnement. Plantes rares, lieux de reproduction...