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Canon belge antichar C.47 F.R.C. Mod.31 en poste avancé

L'armée allemande d'invasion, lors de la seconde guerre mondiale, récupère tous les matériels militaires des territoires conquis. La campagne des 18 jours – La bataille de Belgique – du 10 au 18 mai 1940 permet à l'armée allemande de vaincre la Belgique et d'en récupérer ses 300 ou 450 canons antichars « récents ». Une aubaine non négligeable parce que ce canon de lutte contre les tanks était de conception de 1931, plutôt compact, plus lourd certes (515 kg) que la concurrence mais aussi plus performant quant à la perforation des blindages. Pour un tir à 300 m de calibre 47 mm : perçage d'un blindage de face de 45 mm environ. A 500 m : 30 mm. Aucun char de début de conflit ne pouvait y résister.

Conception et fabrication de La Fonderie Royale des Canons dans la banlieue de Liège en Belgique, ce canon ayant un blindage de 4mm et un tube court était désigné C.47 F.R.C. Mod.31. Versé dans l'armée allemande, il est renommé 4,7cm Pak 185 (b) – 4,7-cm-Panzerabwehrkanone (belgisch). La majorité des 750 exemplaires construits en deux versions, l'une pour l'infanterie belge, l'autre pour la cavalerie belge, se retrouve rapidement en Hongrie pour soutenir le front de l'opération Barbarossa à partir du 21 juin 1941 contre l'armée russe. La chaîne d'approvisionnement des pièces détachées étant rompue, les Russes ayant épaissi les blindages de leurs tanks, les canons antichars de 47 mm perdent de leur utilité et se retrouvent en deux usages. L'entraînement / formation au tir au canon antichar et en défense des postes mobiles en territoire occupé.

Parfois aussi utilisé sous casemate* dans le Mur de l'Atlantique, sa principale fonction en presqu'île de Crozon aura été d'être un canon de « carrefour » en poste avancé. Avec son tube d'1m579, il se dissimule aisément en bord de route, dans une grange, dans un fourré pour faire face à l'avancée de blindés indésirables venus libérer la presqu'île. Les blindés américains de la Task Force A lors de la libération sont confrontés à des points de défense armés du canon belge de 47 mm, version sur pneumatique de la cavalerie. La version infanterie étant équipée de pneus pleins. La cadence de tir minimale est de 15 coups minute mais avec les bonds que le canon fait à chacun de ses tirs, les 5 artilleurs peinent à le réorienter. Canon de harcèlement, qu'il faut vite déplacer après le début d'embuscade car un tir de char le pulvérise.

La mobilité dont a fait preuve l'armée allemande dans ses retranchements en presqu'île de Crozon a retardé la Libération de quelques jours... Indétectable par l'aviation, mobile car tracté, à l'origine par des chevaux puis par des véhicules motorisés ; tant qu'il ne tire pas, il est comme invisible et insoupçonné. Par contre surpris par un char destroyer américain, il est une cible facile dépourvue de défense. Un seul coup au but suffit. Le canon antichar disparaît au bénéfice des lances roquettes plus tactiques.

Le nombre de canons antichars de 47 mm en usage en presqu'île n'est pas connu mais leurs présences sont certifiées. Parmi les archives allemandes qui mentionnent la défense de la presqu'île de Crozon en 1944, des officiers ont déploré l'insuffisance numérique des canons antichars. Le Mur de l'Atlantique avait investi dans des canons de côte, soutenus par de la défense antiaérienne excluant une attaque par les terres.

* Deux canons antichars de 47 mm belges sont avérés proche du Cap de la Chèvre, orientés mer, niveau plage, mais sans plus de précisions et ceci d'après un témoignage allemand datant de la Libération de la presqu'île de Crozon. Il est possible que ces canons concernèrent le Wn Cr9 de la Palue. Il a existé un autre canon de 47 mm antichar en presqu'île : le Skoda 4.7cm utilisé sur affût dans des casemates côtières.