En 1871, le fort de Quélern est divisé en deux parties. Partie Nord une zone close de prisonniers logeant dans un casernement destiné à l'origine aux soldats. Au centre de ces chambrées, les pièces administratives, le logement du directeur, des gardiens, etc... Partie Sud conservée pour un usage militaire. Les journées des prisonniers sont rythmées de 6h30 du matin jusqu'à l'extinction des feux le soir par des activités obligatoires dont une qui peut surprendre, celle de l'école de deux heures par jour, d'abord organisée par un détenu, Elisée Reclus. Le directeur Marchi perçoit une opportunité d'apaisement et augmente le nombre d'heures pour que plusieurs centaines de prisonniers, essentiellement des Parisiens, puissent s'instruire et oublier qu'une déportation les attend. En dehors de ces moments "d'évasion", la vie d'interné est rude par une promiscuité détestable et le mépris agressif des gardiens.
Le fort ou réduit de Quélern est pensé par Vauban en 1689
pour soutenir une escarpe et ses douves qui traverserait l'isthme de Quélern
empêchant ainsi que des troupes anglo-hollandaises débarquées en presqu'île
de Crozon ne remontent vers la presqu'île de Roscanvel jusque la Pointe
des Espagnols pour faire aboutir le siège de Brest, un port de la marine
royale déterminant à l'époque de la guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697).
L'idée initiale est de construire un fort dont le mur Sud serait une partie
de la ligne de Quélern et des deux angles (pointe des bastions Sud) partiraient
des murs jusqu'à la côte Est et Ouest. Ce fort destiné à une troupe de
400 à 500 hommes avec des canons avait un coût de construction estimé
à 94164 livres pour une version "simple". Une redoute et des demi-lunes
(avancées autonomes fortifiées) seraient les bienvenues ce qui porterait
les travaux à plus de 120000 livres selon Vauban qui est en correspondance
avec le roi Louis XIV en 1694. Le roi n'a pas une livre en poche cette
année là alors à la cour on propose à Vauban de faire un mur Sud et si
l'argent manquait vraiment, une palissade en bois suffirait en attendant
des jours meilleurs.
Les premiers coups de pioche sont donnés le 24 mai 1694 dans l'affolement
général. Des espions Anglais ont été capturés et torturés à Brest. Les
Anglais projettent un débarquement pour faire tomber Brest. Le débarquement
de Trez Rouz (à quelques centaines de mètres au Sud des futures lignes
de Quélern), le 18 juin 1694, est un fiasco sanglant pour l'infanterie
anglaise. L'amirauté française respire.
Les travaux du fort lui-même commencent réellement le 20 mai 1695. Déjà,
à la fin de l'année, le roi demande où en sont les dépenses et non où
en sont les travaux: la réponse écrite de Vauban est 57000 livres. Pour
adoucir la facture, le stratège aidé de son ingénieur Traverse a rendu
les fossés plus abrupts et larges que prévu soulignant ainsi l'effort
de rationalisation accompli sur le chantier. Le creusement des fossés
en vue du retranchement complet a une profondeur de 7.8m et une largeur
de 3.9m. Un chantier qui se poursuit davantage sur les murs et les fossés
de la ligne de défense de Quélern au dépend du fort qui n'avance plus
dès la fin 1695.
L'ingénieur Traverse préconise en 1697 de raser des hameaux vers l'Est
pour construire l'escarpe et sa contre-escarpe. Le roi s'y oppose.
Les "demi-lignes de Quélern avec son quart de fort" sont officiellement
en travaux et les batteries côtières voisines sont tenues avec une veille
minimale. Dans les faits, le retranchement de Roscanvel n'est plus une
priorité. Des forts sont à construire dans l'Est de la France. La population
locale "visite" le chantier ouvert et se sert de tout ce qui traine y
compris des pièces métalliques nécessaires aux canons.
En 1770, le roi Louis XV voit resurgir la menace anglaise alors à nouveau
la défense des ports de la Royale redevient un impératif.
1772, l'ingénieur du génie Louis Lazare Dajot, directeur des fortifications
de Bretagne, recommande des modifications du projet de Vauban. Des palabres
et des projets sans budget ne font pas avancer les constructions. Des
troupes et des canons sont disséminés sur la côte dès que les tensions
géopolitiques s'enveniment.
De 1777 à 1785, Sur décision du roi Louis XVI, Alexandre Marie Léonor
de Saint-Mauris-Montbarrey, secrétaire d'état à la guerre délègue les
travaux des retranchements de Quélern au Marquis Louis Théodore Andrault
de Langeron, lieutenant général du roi et à l'ingénieur du génie Pierre-Jean
de Caux qui a la charge des travaux de Brest et alentours. Le premier
veut des travaux simples, rapides, économiques tout en s'inspirant des
réflexions de Dajot, c'est un soldat expérimenté; le second veut une "muraille
de chine" spectaculaire et donc coûteuse, c'est un intellectuel qui rêve
de gloire à la Vauban. Le marquis gagne partiellement à "l'usure" mais
se détourne du fort et pousse les nouvelles lignes plus au Sud. Le fort
toujours inachevé ne sert à aucune stratégie. Un mur à bastion surplombe
un fossé et à l'Est immédiat les casernements, bâtiments techniques et
d'intendance, les maisons des officiers du génie ne sont donc plus inséré
dans le périmètre supposé du fort à l'abandon. Par contre les nouvelles
lignes complexes avec bastions, réduits, demi-lunes, tout ce qui figure
un mur de défense moderne sont enfin visible en 1784 mais toujours sans
fort. Ce sont des détachements de militaires de la région qui ont construits
les lignes de Quélern hors maçonneries délicates confiées à des ouvriers
qualifiés.
1832. Internement de 400 bagnards déplacés du camp de Glomel qui ont travaillé
sur le canal Nantes Brest. Suite à une rébellion, aux mauvais traitements,
au choléra, le ministre de l'Intérieur fractionne l'effectif et en place
une partie dans le fort ouvert de Quélern. Une incongruité qui permet
une tentative d'évasion qui échoue mais qui facilite la propagation de
l'épidémie de choléra d'abord à Roscanvel puis à Camaret et Crozon. Les
bagnards ne sont pas mieux traités ici qu'avant, ils ont la tête rasée
et la barbe leur est imposée pour être identifiables. Ce sont pour l'essentiel
des déserteurs qui ne font rien de leur journée. L'épidémie s'éteint lentement
et laisse une forte rancœur dans l'esprit des habitants.
Une commission d'inspection de défense relance la nécessité de la construction
d'un fort et les travaux sont programmés en 1847 et réalisés pour 621
soldats de 1852 à 1856. L'aspect extérieur du fort préserve son allure
vaubanienne avec une porte à pont levis. Cependant les aménagements intérieurs
sont aux normes du 19ème siècle avec un magasin à poudre enterré, un autre
aérien.
Le fort est enfin achevé en 1854 soit 160 ans après la première pierre
de 1695... Un record de lenteur en presqu'île de Crozon. Les stratèges
savent pertinemment que ce réduit défensif est complètement obsolète avant
même sa mise en service, ils pensent rattraper l'insuffisance par les
différents forts formant une ligne défensive plus à l'Est en presqu'île
dont la construction s'avèrera toute aussi obsolète...
La période de 1870 affiche 58 canons et 8 mortiers dont certains sont
destinés à servir à l'extérieur sur des plate-formes défensives en cas
d'agression, le tout rouille sur place.
La prise de conscience est évidente, le réduit de Quélern ne servira jamais
à rien alors autant en faire une prison pour y interner toutes les racailles
de la république.
1871, communards de Paris et Kabyles de l'Algérie sont entassés dans le
casernement interne du fort de Quélern. Des centaines d'autres sont sur
des pontons et des bateaux dans la baie de Roscanvel. Les prisonniers
sont interrogés et la plupart accusés de toutes les trahisons inimaginables
alors qu'ils sont journalistes, employés, ouvriers. Les Kabyles ne voulaient
pas être colonisés par l'armée française dans le Magreb... Rien de plus
mais c'était bien trop et cela méritait une déportation en Nouvelle-Calédonie
avec pour départ la cale de Sourdis et une traversée éprouvante de plusieurs
mois sur d'anciens navires de guerre de la marine française, fleurons
de la Royale.
L'armée allemande d'occupation prend possession du réduit de Quélern mais
ne s'en sert pas à titre de défense, le moindre obus, la moindre bombe
effondrerait les constructions. Le 3 septembre 1944, le bombardement de
la presqu'île de Crozon par les avions américains n'épargne pas le fort
qui est en partie détruit.
En 1969, des travaux de reconstruction et de réhabilitation partielles
sont effectués.
1985 - L'armée française en reprend possession. Le périmètre alentours
est une zone interdite à tout civil.
Le réduit de Quélern se devine de la route. On voit la porte, un mur qui semble anodin. Un Centre Parachutiste
d’Entraînement aux Opérations Maritimes (CPEOM) du service Action de la
Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) y est affecté.
48° 17' 53.03" N
4° 33' 43.17" O
La défense côtière avant 1939
Lunette à micromètre G de côte
Les postes de télémétrie Audouard 1880 : Kerviniou - Capucins Sud réemployé - Capucins Sud - Capucins - Capucins Nord - Stiff - Espagnols Sud - Espagnols.
Poste d'observation 1920 de Cornouaille
Batteries : Basse de Cornouaille - Batterie de Beaufort - Vieille Batterie - Haute de Cornouaille - Poul Dû - Mort Anglaise - Capucins - Kerbonn + projecteur - Kerviniou - Pen-Hir - Tremet - Ty-Du - Portzic - Stiff - Pourjoint - Haute Pointe des Espagnols - Petit Gouin - Sud des Capucins - Batteries hautes des Capucins - Batterie de rupture ou bombardement - Batteries haute et basse du Kador (Beg ar Gador - Morgat) - Rouvalour - Batteries Est de Roscanvel - Batterie du Run / Pont-Scorff - Batterie de l'île de l'Aber - Batterie extérieure de la Tour Vauban
Cabines téléphoniques de batterie
Casernement bas de la Pointe des Espagnols
Casernement haut de la Pointe des Espagnols
Fortifications de la Pointe des Espagnols
Corps de Garde 1846 : Aber - Camaret - Kador - Postolonnec - Roscanvel - Rulianec
Loi de déclassement des corps de garde 1846
Loi du 17 juillet 1874 - système Séré de Rivières
Les forts : Fraternité - Landaoudec - Lanvéoc - Toulinguet - Crozon
Poste d'inflammation des torpilles
Repère d'Entrée de Port R.E.P.
Canon de 95mm Lahitolle Mle 1888
Histoire et évolution des calibres des canons
Abri du champ de tir de l'Anse de Dinan
L'arrivée de la téléphonie dans les postes d'observation
Château-fort de Castel bihan Poulmic
La ligne d'artillerie terrestre de 1914
Les piliers des terrains militaires
Sous-marin Nautilus de Robert Fulton
1404 la chute de l'Anglais à Lam Saoz
La défense antiaérienne avant 1939
Position de DCA en presqu'île avant 1939
Batterie de DCA de Kerguiridic
Projecteur et écoute de Pen ar Vir
Projecteur et écoute du Grand Gouin
Abri de projecteur de la Pointe des Espagnols
Station d'écoute aérienne de Messibioc
Autres positions françaises de projecteurs
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BUNKERS - MUR DE L'ATLANTIQUE 1940-1944
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de Camaret.
Le vice-amiral
Thévenard à la Pointe du Toulinguet et aux alignements de Lagatjar.
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Pétain à Morgat.
Louis-Ferdinand
Céline décroché pour l'oubli !
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Boudin à Camaret-sur-Mer.
Le danger d'une baïne,
que faire ?
Le mangeur d'étamines : le Dasyte
émeraude.
Nettoyage
par criblage de la plage de Morgat.
Des marques de tracteurs
anciens qui n'existent plus ou presque.
Du nouveau dans les orties, le papillon
Carte Géographique arrive en presqu'île !
Surf
et environnement, un rapport difficile !
Une nouvelle ponte pour les gravelots
! Troisième année de reproduction dans l'extros ! 2 poussins au 2 mai !
Cherche infos sur le
"réservoir" de Camaret ! Merci de votre aide.
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technologiques en Presqu'île de Crozon.
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Abeille Bourbon dans l'anse de Camaret.
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de la presqu'île.
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d'Argol, une affaire d'Etat !
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aérien, une calamité que les anciens avaient prévue.
L'activité humaine contre nature : fauchage
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concombre : la belle verte !
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le genre Formica.
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de la rampe (rue) de la Montagne enfin éclaircie.
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légère et mobile.
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de 32cm de Roscanvel.
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de guerre ordinaire resté impuni.
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de la Cormorandière.
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Faire connaissance avec la limace
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Rue et impasse du Moulin
Cassé, l'ultime souvenir d'un moulin à vent camarétois.
L'exploitation des roselières pour le chaume
traditionnel.
La corvée de la buée.
La Musaraigne,
une amie du jardinier.
Bunker
634 : un blockhaus à coupole en 4 exemplaires en Roscanvel.
Remorqueur
océanique et manutention d'ancres.
Le bunker
515 neu présent en presqu'île de Crozon.
Un câblier
"français" dans l'anse de Morgat.
Un coup
de vent différemment géré.
Carrière
– Excavation militaire pour l'extraction de matériaux de construction
des batteries de côte.
Des avisos
et des hommages dans le Goulet.
Bâtiments-écoles
type Léopard BE
Le guano
à la loupe.
La grésification
des sables dunaires.
Pêche.
Le port
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